CEE pour l'agriculture
Les Certificats d'Économies d'Énergie pour le secteur agricole
Le secteur agricole représente environ 3% de la consommation énergétique nationale en France, avec des besoins spécifiques liés aux processus de production, de transformation et de conservation. Face à l'augmentation constante des coûts énergétiques et aux enjeux environnementaux, les exploitations agricoles peuvent désormais bénéficier des Certificats d'Économies d'Énergie (CEE) pour financer leurs investissements en efficacité énergétique.
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Les CEE agricoles constituent un levier financier majeur permettant aux agriculteurs, éleveurs, maraîchers et viticulteurs de moderniser leurs équipements tout en réduisant significativement leurs factures énergétiques. Ce dispositif s'inscrit dans une démarche globale de transition énergétique du monde agricole, secteur particulièrement exposé aux variations des prix de l'énergie.
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Comprendre le fonctionnement des CEE dans le contexte agricole
Le principe général adapté aux exploitations
Le mécanisme des CEE repose sur l'obligation faite aux fournisseurs d'énergie (électricité, gaz, fioul, carburants) de promouvoir l'efficacité énergétique auprès de leurs clients. Pour le secteur agricole, cela se traduit par des primes financières versées lors de l'installation d'équipements performants ou de la réalisation de travaux d'amélioration énergétique.
Les exploitations agricoles peuvent cumuler les primes CEE avec d'autres aides publiques comme les subventions de l'ADEME, les aides régionales, ou encore les dispositifs spécifiques du Plan de Relance agricole. Cette combinaison permet de financer jusqu'à 70% du coût total d'un projet d'efficacité énergétique selon la nature des travaux et la taille de l'exploitation.
Les spécificités du secteur agricole
Contrairement aux secteurs résidentiel et tertiaire, l'agriculture présente des caractéristiques énergétiques particulières qui nécessitent des opérations standardisées adaptées. Les consommations sont souvent saisonnières, concentrées sur certaines périodes de l'année, et les équipements utilisés sont hautement spécialisés.
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Les fiches d'opérations standardisées pour l'agriculture couvrent une large gamme d'interventions, depuis l'isolation des bâtiments d'élevage jusqu'aux systèmes de récupération de chaleur sur les installations de traite ou de refroidissement du lait. Chaque fiche précise les critères techniques d'éligibilité, les montants de primes applicables et les justificatifs à fournir.
Les principaux domaines d'application des CEE en agriculture
Production sous serre et maraîchage
Les serres représentent l'un des postes de consommation énergétique les plus importants en agriculture, particulièrement pour le chauffage hivernal. Les CEE permettent de financer plusieurs types d'améliorations pour ce secteur :
| Type d'équipement | Économies potentielles | Montant moyen de la prime CEE | Durée de vie |
|---|---|---|---|
| Écran thermique mobile | 25 à 35% | 15 à 25 €/m² | 10 ans |
| Système de chauffage à condensation | 15 à 20% | 3 000 à 8 000 € | 15 ans |
| Isolation de parois vitrées | 20 à 30% | 10 à 18 €/m² | 20 ans |
| Pompe à chaleur géothermique | 40 à 50% | 5 000 à 15 000 € | 20 ans |
Les écrans thermiques constituent l'investissement le plus rapidement rentabilisé pour les serristes. Installés sous la toiture, ils limitent les déperditions de chaleur nocturnes et permettent de maintenir une température stable avec moins d'apport énergétique. Un maraîcher disposant de 2000 m² de serres peut économiser entre 10 000 et 15 000 € par an sur sa facture de chauffage après installation.
Bâtiments d'élevage et bien-être animal
L'élevage nécessite des conditions thermiques contrôlées pour garantir le bien-être animal et optimiser les performances zootechniques. Les CEE financent de nombreux équipements dans ce domaine :
- Isolation des bâtiments d'élevage : toitures, murs et plafonds peuvent être isolés avec des matériaux performants (laine minérale, panneaux sandwich, isolants biosourcés). Une isolation efficace réduit les besoins en chauffage hivernal et améliore le confort estival des animaux.
- Ventilation mécanique contrôlée : les systèmes de VMC adaptés aux bâtiments agricoles permettent de renouveler l'air tout en limitant les pertes thermiques. Les variateurs de vitesse sur les ventilateurs réduisent la consommation électrique de 30 à 40%.
- Échangeurs de chaleur air-air : ces dispositifs récupèrent la chaleur de l'air extrait pour préchauffer l'air neuf entrant, particulièrement efficaces dans les poulaillers et les porcheries.
- Pré-refroidisseurs de lait : ces échangeurs thermiques utilisent l'eau froide du puits ou du réseau pour refroidir le lait avant passage dans le tank, réduisant jusqu'à 70% la consommation électrique du groupe froid.
- Récupérateurs de chaleur sur tank à lait : la chaleur récupérée lors du refroidissement du lait peut servir à chauffer l'eau sanitaire ou les locaux annexes.
Pour un élevage laitier de 80 vaches, l'installation combinée d'un pré-refroidisseur et d'un récupérateur de chaleur sur tank représente une économie annuelle moyenne de 2 500 € sur la facture électrique, avec une prime CEE pouvant atteindre 4 000 à 6 000 € selon la configuration.
Séchage et stockage des récoltes
Le séchage des grains, fourrages et autres productions végétales constitue un poste énergétique majeur, notamment pour les céréaliers et les producteurs de tabac ou de plantes aromatiques. Les CEE proposent des solutions adaptées :
| Opération | Description technique | Gain énergétique | Prime CEE indicative |
|---|---|---|---|
| Séchoir à grains performant | Brûleur à condensation + récupération chaleur | 20 à 30% | 3 000 à 10 000 € |
| Ventilation basse consommation | Ventilateurs EC avec régulation automatique | 40 à 50% | 1 500 à 4 000 € |
| Isolation cellule de stockage | Panneaux isolants parois et toiture | 15 à 25% | 8 à 15 €/m² |
| Système de régulation intelligent | Sondes + pilotage automatisé température/humidité | 10 à 15% | 800 à 2 500 € |
Les systèmes de séchage modernes intègrent des technologies de récupération et de valorisation énergétique. Par exemple, certains séchoirs à grains utilisent des pompes à chaleur pour recycler l'énergie contenue dans l'air humide sortant, réduisant la consommation globale de 40 à 50% par rapport à un système conventionnel.
Irrigation et pompage
L'irrigation représente un enjeu énergétique crucial, particulièrement avec l'augmentation des besoins en eau liée au changement climatique. Les exploitations agricoles irriguées peuvent bénéficier de primes CEE pour optimiser leurs installations :
- Variateurs de vitesse sur pompes : adaptent automatiquement la puissance de pompage aux besoins réels, évitant les surconsommations lors des périodes de faible demande.
- Pompes à haut rendement : les modèles récents affichent des rendements supérieurs à 85%, contre 60 à 70% pour les équipements anciens.
- Systèmes de pilotage intelligent : sondes d'humidité du sol, stations météo et logiciels de gestion permettent d'optimiser les apports d'eau et de réduire les temps de pompage inutiles.
- Irrigation localisée performante : les systèmes goutte-à-goutte ou micro-aspersion réduisent considérablement les volumes pompés comparativement à l'aspersion classique.
Un exploitant irriguant 50 hectares de maïs peut réduire sa consommation électrique de pompage de 30 à 40% en combinant variateur de vitesse, pompe haute performance et pilotage automatisé, pour une économie annuelle de 3 000 à 5 000 €.
Démarches et procédures pour obtenir les primes CEE agricoles
Étapes préalables à la réalisation des travaux
La réussite d'un projet CEE en agriculture repose sur le respect scrupuleux d'un calendrier précis. Toute démarche entamée dans le désordre peut entraîner le rejet du dossier et la perte des primes associées.
1. Audit énergétique de l'exploitation : Avant toute chose, il convient de réaliser un diagnostic complet des consommations énergétiques de l'exploitation. Des organismes comme les Chambres d'Agriculture, les CUMA ou des bureaux d'études spécialisés proposent des audits énergétiques adaptés au monde agricole. Cet audit identifie les postes les plus consommateurs et les gisements d'économies prioritaires.
2. Sélection des opérations éligibles : À partir des conclusions de l'audit, l'agriculteur identifie les travaux correspondant à des fiches d'opérations standardisées. Le catalogue compte une trentaine de fiches spécifiquement dédiées à l'agriculture, régulièrement actualisées.
3. Contact avec un obligé ou délégataire : Avant la signature de tout devis, l'exploitant doit prendre contact avec un acteur proposant des primes CEE. Cette étape est absolument impérative : aucune prime ne peut être versée pour des travaux engagés avant l'enregistrement du dossier.
4. Constitution du dossier préalable : Le dossier comprend généralement les devis détaillés des travaux envisagés, les caractéristiques techniques des équipements, les factures d'énergie des deux dernières années et les informations sur l'exploitation (surface, type de production, effectifs animaux).
Réalisation et validation des travaux
Une fois le dossier accepté et les devis validés, l'agriculteur peut procéder à la réalisation des travaux en respectant plusieurs obligations :
| Obligation | Description | Justificatifs requis |
|---|---|---|
| Qualification professionnelle | Travaux réalisés par entreprise qualifiée RGE pour certaines opérations | Attestation RGE de l'installateur |
| Conformité matériel | Équipements respectant les critères techniques des fiches CEE | Fiches techniques fabricants, certifications |
| Traçabilité installation | Documentation complète de la mise en œuvre | Photos avant/après, plans, schémas |
| Facturation détaillée | Factures mentionnant précisément les équipements installés | Factures acquittées avec références matériel |
Pour certaines opérations spécifiques comme l'installation de pompes à chaleur ou de systèmes de récupération de chaleur complexes, la qualification RGE (Reconnu Garant de l'Environnement) de l'installateur est obligatoire. Cette exigence garantit la qualité de mise en œuvre et la performance réelle des équipements.
Versement des primes et délais
Après réalisation complète des travaux, l'exploitant transmet le dossier finalisé comprenant l'ensemble des justificatifs. Les délais de versement varient selon les acteurs :
- Validation administrative du dossier : 2 à 4 semaines
- Instruction technique : 3 à 6 semaines
- Versement effectif de la prime : 4 à 12 semaines après validation
Le montant total du versement peut être effectué en une seule fois ou échelonné selon l'importance du projet. Pour les opérations de grande envergure (modernisation complète d'une exploitation), certains délégataires proposent des acomptes permettant de faciliter le financement des travaux.
Exemples concrets de projets CEE en exploitation agricole
Cas n°1 : Exploitation laitière de 120 vaches en Bretagne
Cette exploitation familiale confrontée à des factures énergétiques croissantes a engagé un programme complet de rénovation énergétique avec l'accompagnement de la Chambre d'Agriculture locale.
Travaux réalisés :
- Installation d'un pré-refroidisseur de lait de 5 000 litres/jour
- Récupérateur de chaleur sur groupe froid du tank
- Isolation de la salle de traite (200 m²)
- Variateurs de vitesse sur ventilateurs de stabulation
- Éclairage LED dans tous les bâtiments
Résultats économiques :
| Poste | Investissement total | Prime CEE obtenue | Économie annuelle |
|---|---|---|---|
| Pré-refroidisseur + récupérateur | 12 000 € | 5 500 € | 3 200 € |
| Isolation salle de traite | 6 500 € | 2 800 € | 1 100 € |
| Variateurs ventilation | 3 200 € | 1 400 € | 950 € |
| Éclairage LED | 4 800 € | 1 800 € | 1 200 € |
| TOTAL | 26 500 € | 11 500 € | 6 450 € |
Avec un investissement net de 15 000 € après déduction des primes CEE, l'exploitation atteint un retour sur investissement en 2,3 ans. Au-delà, les économies annuelles de 6 450 € constituent un gain direct de compétitivité.
Cas n°2 : Production maraîchère sous serre de 5 000 m² en région PACA
Ce producteur de tomates sous serre chauffée au gaz naturel subissait des coûts de chauffage représentant 35% de son chiffre d'affaires. Une rénovation énergétique globale s'imposait pour maintenir la viabilité économique de l'exploitation.
Programme de travaux :
- Installation de doubles écrans thermiques sur l'ensemble de la surface
- Remplacement de l'ancienne chaudière par un système à condensation
- Mise en place d'une cogénération biomasse
- Système de régulation climatique intelligent
- Isolation des pignons et amélioration de l'étanchéité
Bilan financier du projet :
- Coût total des investissements : 185 000 €
- Primes CEE obtenues : 52 000 €
- Subventions régionales : 35 000 €
- Reste à charge : 98 000 €
- Économies annuelles réalisées : 45 000 €
- Temps de retour : 2,2 ans
Au-delà de la réduction drastique des coûts énergétiques, l'exploitant a constaté une amélioration de la qualité de production grâce à une meilleure régulation climatique, se traduisant par une valorisation commerciale supérieure de ses tomates.
Cas n°3 : Grande culture céréalière avec séchage en Beauce
Cette exploitation de 250 hectares cultivant maïs grain et blé disposait d'installations de séchage vieillissantes et particulièrement énergivores. La modernisation de l'outil de séchage est devenue prioritaire.
Équipements installés :
- Nouveau séchoir mobile à condensation de 40 tonnes
- Ventilateurs EC haute performance
- Système de pilotage automatique avec sondes multiples
- Isolation thermique de la cellule de stockage (500 m²)
Performance énergétique :
| Indicateur | Avant travaux | Après travaux | Amélioration |
|---|---|---|---|
| Consommation gaz (MWh/an) | 850 | 580 | -32% |
| Consommation électrique (MWh/an) | 45 | 28 | -38% |
| Coût énergétique total annuel | 52 000 € | 32 500 € | -37,5% |
| Émissions CO2 (tonnes/an) | 195 | 125 | -36% |
Avec une prime CEE de 24 000 € sur un investissement de 95 000 €, l'exploitant bénéficie d'un retour sur investissement de 3,6 ans, tout en réduisant significativement son empreinte carbone.
Optimisation et cumul des aides pour maximiser les financements
Aides nationales et régionales cumulables
Les primes CEE constituent rarement l'unique source de financement pour les projets de transition énergétique agricole. Plusieurs dispositifs complémentaires permettent d'optimiser le plan de financement :
- Plan de Performance Énergétique (PPE) : programme du ministère de l'Agriculture proposant des diagnostics énergétiques gratuits et des aides à l'investissement pour les exploitations engagées dans une démarche de réduction de consommations.
- Aides des régions : la plupart des conseils régionaux disposent de programmes spécifiques pour l'agriculture durable, avec des enveloppes dédiées à l'efficacité énergétique (taux de subvention de 20 à 40% selon les régions).
- PCAE (Programme pour le Climat, l'Agriculture et l'Environnement) : dispositif issu de la PAC permettant de financer des investissements dans des équipements plus performants et respectueux de l'environnement.
- Prêts bonifiés : certaines banques proposent des prêts à taux préférentiels pour les investissements environnementaux en agriculture, en partenariat avec des organismes publics.
- Fonds européens FEADER : le Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural finance des mesures agro-environnementales incluant l'efficacité énergétique.
Le cumul intelligent de ces différentes sources peut permettre de couvrir 60 à 80% du coût total d'un projet de rénovation énergétique, rendant l'investissement particulièrement attractif même pour les exploitations de taille modeste.
Stratégie de programmation pluriannuelle
Pour les exploitations souhaitant engager une transformation énergétique globale, une approche étalée sur plusieurs années présente de nombreux avantages :
| Année | Actions prioritaires | Avantages |
|---|---|---|
| Année 1 | Audit énergétique + travaux d'isolation + LED | Gains rapides, investissement limité, apprentissage du dispositif CEE |
| Année 2 | Équipements de production (chauffage, froid, ventilation) | Économies substantielles, retour rapide sur investissement |
| Année 3 | Énergies renouvelables (solaire, biomasse, géothermie) | Autonomie énergétique, valorisation environnementale |
Cette programmation permet de lisser l'effort financier, de capitaliser sur les premières économies réalisées pour financer les investissements suivants, et d'adapter la stratégie en fonction des évolutions réglementaires et des nouveaux dispositifs disponibles.
Évolutions récentes et perspectives pour les CEE agricoles
Nouvelles fiches d'opérations standardisées
Le catalogue des opérations éligibles aux CEE s'enrichit régulièrement de nouvelles fiches spécifiquement conçues pour répondre aux enjeux du secteur agricole. Parmi les ajouts récents figurent :
- Systèmes d'irrigation de précision pilotés par satellite : combinant données GPS, capteurs au sol et météo, ces systèmes optimisent l'irrigation parcelle par parcelle, réduisant consommations d'eau et d'énergie de pompage.
- Digesteurs anaérobies pour méthanisation agricole : valorisation des effluents d'élevage produisant biogaz et chaleur, avec primes CEE pour la partie récupération et utilisation énergétique.
- Déshydrateurs de digestats performants : équipements permettant de réduire le volume des digestats par évaporation, avec récupération de chaleur.
- Pompes à chaleur pour chauffage de bâtiments d'élevage : solutions géothermiques ou aérothermiques adaptées aux grandes surfaces agricoles.
Ces évolutions témoignent d'une prise en compte croissante des spécificités agricoles dans le dispositif CEE, avec des fiches techniques de plus en plus précises et adaptées aux réalités du terrain.
Impact de la transition énergétique sur la compétitivité agricole
Au-delà des économies directes sur les factures énergétiques, l'engagement dans une démarche CEE génère de multiples bénéfices collatéraux pour les exploitations :
- Valorisation environnementale : réduction de l'empreinte carbone permettant de répondre aux attentes sociétales et aux exigences croissantes de la distribution.
- Certification et labels : les performances énergétiques constituent désormais des critères dans certains cahiers des charges (Agriculture Biologique, Haute Valeur Environnementale, labels qualité).
- Résilience économique : moindre dépendance aux fluctuations des prix de l'énergie, particulièrement volatile ces dernières années.
- Amélioration des conditions de travail : équipements modernes souvent plus ergonomiques et moins pénibles à utiliser.
- Transmission de l'exploitation : outil de production modernisé et performant facilitant la reprise par un jeune agriculteur.
Anticiper les évolutions réglementaires
Le cadre réglementaire des CEE évolue par périodes de quatre ans. La cinquième période, engagée en 2022, se caractérise par un renforcement des exigences techniques et une augmentation des objectifs d'économies d'énergie imposés aux obligés.
Pour le secteur agricole, ces évolutions se traduisent par :
- Des montants de primes potentiellement plus élevés pour certaines opérations prioritaires
- L'apparition de "coups de pouce" spécifiques au monde agricole
- Un renforcement des contrôles sur la réalité des économies d'énergie réalisées
- Une simplification progressive des démarches administratives
Les exploitants agricoles ont donc intérêt à se tenir informés des évolutions réglementaires via les Chambres d'Agriculture, les syndicats professionnels ou les organisations agricoles, pour profiter au mieux des opportunités offertes par le dispositif.
Accompagnement et structures d'appui pour les agriculteurs
Le rôle des Chambres d'Agriculture
Les Chambres d'Agriculture départementales et régionales constituent le premier niveau d'accompagnement pour tout projet énergétique en exploitation. Elles proposent plusieurs services :
- Réalisation de diagnostics énergétiques complets de l'exploitation
- Conseils techniques sur les équipements et solutions adaptés
- Aide au montage des dossiers de demande de primes CEE
- Information sur les aides complémentaires disponibles
- Organisation de formations et de journées techniques
- Accompagnement dans la mise en concurrence des installateurs
De nombreuses Chambres d'Agriculture ont développé des partenariats avec des délégataires CEE, simplifiant considérablement les démarches pour les exploitants tout en garantissant l'indépendance des conseils prodigués.
CUMA et investissements collectifs
Les Coopératives d'Utilisation de Matériel Agricole (CUMA) représentent une voie pertinente pour mutualiser certains équipements énergivores et bénéficier de primes CEE sur des installations collectives :
- Séchoirs collectifs performants dimensionnés pour plusieurs exploitations
- Installations de stockage frigorifique mutualisées
- Stations de pompage collectives pour irrigation
- Unités de méthanisation en CUMA
L'investissement collectif permet d'accéder à des équipements de plus grande capacité, généralement plus performants énergétiquement, tout en partageant les coûts et les primes CEE entre plusieurs adhérents.
Bureaux d'études spécialisés
Pour les projets de grande envergure ou très techniques, le recours à un bureau d'études spécialisé en énergie agricole apporte une expertise pointue :
| Type de prestation | Utilité | Coût indicatif |
|---|---|---|
| Audit énergétique approfondi | Analyse détaillée tous postes, simulations, préconisations chiffrées | 1 500 à 4 000 € |
| Étude de faisabilité ENR | Dimensionnement solaire/biomasse/géothermie, rentabilité | 2 000 à 6 000 € |
| AMO montage financier | Optimisation plan de financement, recherche aides, dossiers | 1 000 à 3 000 € |
| Suivi de chantier | Contrôle conformité installation, réception, garanties performances | 800 à 2 500 € |
Ces prestations, bien que représentant un coût initial, permettent souvent d'optimiser significativement les choix techniques et financiers, garantissant l'atteinte des performances énergétiques visées et la pérennité des installations.
Erreurs à éviter et bonnes pratiques
Les pièges courants dans les dossiers CEE agricoles
L'expérience montre que certaines erreurs reviennent fréquemment dans les demandes de primes CEE pour le secteur agricole, pouvant entraîner des rejets ou des retards importants :
- Signer les devis avant le dépôt du dossier CEE : erreur rédhibitoire entraînant l'inéligibilité automatique, même si les travaux correspondent parfaitement aux critères techniques.
- Négliger les critères techniques précis : chaque fiche CEE impose des caractéristiques minimales (rendement, coefficient de performance, etc.) que les équipements doivent impérativement respecter.
- Documentation incomplète : l'absence de certains justificatifs (attestations sur l'honneur, fiches techniques produits, photos) peut bloquer le versement des primes.
- Confusion entre différents types de CEE : certaines opérations relèvent du secteur résidentiel, d'autres du tertiaire ou de l'industrie. Il faut identifier correctement la catégorie applicable.
- Sous-estimation des délais : prévoir des mois entre le dépôt du dossier et le versement effectif des primes, ce qui peut créer des tensions de trésorerie si mal anticipé.
Recommandations pour maximiser ses chances
À l'inverse, certaines pratiques augmentent considérablement les probabilités d'obtenir rapidement et intégralement les primes demandées :
- Se faire accompagner dès le départ par un conseiller compétent (Chambre d'Agriculture, bureau d'études)
- Comparer les offres de plusieurs délégataires CEE pour optimiser le montant des primes
- Constituer un dossier exhaustif dès la première soumission
- Privilégier des installateurs habitués aux CEE et disposant des qualifications requises
- Conserver tous les documents du projet pendant au moins 5 ans (risque de contrôle a posteriori)
- Anticiper les travaux en fonction des périodes d'activité de l'exploitation
Conclusion : les CEE, levier stratégique pour l'agriculture de demain
Les Certificats d'Économies d'Énergie représentent bien plus qu'un simple dispositif de financement pour le monde agricole. Ils constituent un véritable levier de transformation et de modernisation des exploitations, permettant de concilier performance économique et transition énergétique.
Dans un contexte de volatilité croissante des prix de l'énergie et de renforcement des exigences environnementales, investir dans l'efficacité énergétique n'est plus une option mais une nécessité stratégique. Les CEE facilitent considérablement ces investissements en réduisant substantiellement leur coût et en accélérant leur rentabilité.
Les exploitants agricoles qui s'engagent aujourd'hui dans cette démarche bénéficient d'un double avantage : réduire immédiatement leurs charges de fonctionnement tout en préparant l'avenir de leur outil de production. Les économies réalisées année après année renforcent la compétitivité et la résilience économique de l'exploitation face aux aléas.
Le dispositif CEE continuera d'évoluer dans les années à venir, avec des exigences techniques toujours plus ambitieuses mais aussi des opportunités financières accrues. Les agriculteurs qui se saisissent dès maintenant de ces opportunités positionnent leur exploitation sur la voie d'une agriculture performante, durable et respectueuse de l'environnement.
Face à la complexité apparente des démarches, l'accompagnement par des structures compétentes (Chambres d'Agriculture, CUMA, bureaux d'études spécialisés) s'avère précieux. Leur expertise permet de naviguer efficacement dans le dispositif, d'optimiser les choix techniques et financiers, et de sécuriser l'obtention des primes.
L'agriculture française dispose ainsi d'un formidable outil pour accélérer sa transition énergétique. Les CEE, combinés aux autres dispositifs d'aide disponibles, rendent accessibles des investissements auparavant hors de portée de nombreuses exploitations. Il appartient maintenant à chaque agriculteur de se saisir de cette opportunité pour construire l'exploitation agricole de demain : sobre en énergie, compétitive et respectueuse de l'environnement.